La nouvelle initiative que le CIFOR poursuivra en 1999,
"Populations locales, délégation de pouvoirs et cogestion adaptative des
forêts", est née de la reconnaissance croissante du fait quun changement
fondamental dans la gestion communautaire des forêts nest possible que si les
multiples usagers de la forêt saccordent pour dire quelles sont les ressources à
aménager durablement, et comment cela peut se réaliser. La recherche dun tel
accord est toujours une tâche complexe, et ne peut se faire que par un processus
itératif de collaboration et de décision.
Durant la longue période de planification concertée, il
peut se présenter des circonstances susceptibles dinfluer sur les résultats. Les
attitudes des participants sur une situation donnée peuvent changer, par exemple, ou
encore il peut se produire une modification radicale des conditions de milieu. Il faut
donc une remise en question et une adaptation périodiques pour assurer la progression
vers les objectifs fixés.
Le but ultime de la recherche menée au titre de ce nouveau
programme est de fournir des guides pour lamélioration des actions forestières
communautaires, des institutions locales et de lefficacité des politiques. Elle est
centrée sur les mécanismes dhabilitation des populations locales dans les
négociations entre ayants droit, notamment les moyens par lesquels les communautés
peuvent influer sur les politiques (par exemple par des alliances entre acteurs locaux et
nationaux); les méthodes permettant de réaliser la gestion adaptative des forêts au
niveau local, notamment le suivi et léchange dinformation mettant en jeu
lemploi de critères et indicateurs, et enfin la manière dont les politiques
peuvent contribuer à assurer lefficacité de la cogestion adaptative, par des liens
de communication à la fois formels et informels. Un objet immédiat de la recherche sera
de déterminer la nature et linfluence des contraintes de politiques.
Les critères et indicateurs de la gestion forestière
durable sont un élément essentiel des stratégies de cogestion adaptative que les
chercheurs du CIFOR sattacheront à élaborer au titre de ce programme.
Fondamentalement, les critères et indicateurs serviront dinstruments de contrôle
pour guider les changements sur la voie de ladoption de systèmes dutilisation
durable des forêts et de leurs ressources en signalant la nécessité de
corrections en cas dactions non planifiées ou deffets secondaires.
Sappuyant sur les travaux réalisés à Madagascar
par le CIFOR et ses partenaires, on a mis au point un cadre pour la préparation de plans
de gestion adaptative des ressources naturelles, en faisant appel à la cartographie
participative et autres nouveaux instruments de recherche. Le projet comporte des efforts
pour mettre en place des structures capables dassumer ladministration
déléguée comme prévu dans des actes officiels tels que la Loi de 1996 sur la gestion
communautaire des ressources naturelles renouvelables.
Un autre projet qui aura une grande incidence sur le
travail futur du CIFOR sur la cogestion adaptative comprend des tests conduits en 1998 par
le CIFOR et ses collaborateurs pour identifier et évaluer diverses méthodes
sociologiques capables dévaluer rapidement et sûrement le bien-être humain. Les
méthodes avaient déjà été testées en totalité ou partie sur des sites
dIndonésie, du Cameroun, des Etats-Unis, de la Trinidad et du Gabon. Les
conclusions seront rapportées dans un ouvrage du CIFOR en préparation, intitulé Populations
locales dans les forêts exploitées: appréciation du bien-être humain.
Le travail de terrain du CIFOR, mené dans plusieurs pays
dans le cadre dun vaste projet qui a pour but danalyser la délégation de la
gestion des forêts et politiques connexes, constitue un fondement important pour les
recherches futures sur la cogestion adaptative. Les toutes premières conclusions
détudes sur la délégation de pouvoirs en Chine, par exemple, indiquent que les
contradictions entre politiques foncières, taxes et règlements dexploitation
forestière limitent les possibilités de collaboration entre les gestionnaires forestiers
locaux et lEtat. En outre, de fréquents changements dans les politiques relatives
au régime foncier semblent avoir engendré un fort degré dincertitude parmi les
populations locales au sujet de leurs droits, ce qui limite leur engagement dans la
collaboration et leur capacité de tester de nouvelles pratiques de gestion.