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[Aménagement des
Forêts à des Fins Multiples
]

 


Rôle des Femmes et Diversité


 

De même que les chercheurs et les gestionnaires forestiers reconnaissent la nécessité de tenir compte des intérêts de multiples ayants droit dans l’utilisation des forêts, de même il importe de traduire convenablement la diversité qui existe entre les groupes et à l’intérieur des groupes d’intérêt, notamment parmi les habitants de la forêt. L’inégalité des pouvoirs et les restrictions d’accès fondées sur le sexe, l’appartenance ethnique, la richesse et autres différences peuvent bloquer la participation de nombreuses personnes qui ont des relations intimes avec la forêt et ont une contribution importante à apporter dans sa gestion rationnelle.

En puisant dans cette source souvent méconnue de connaissance et de compétence, la recherche peut accéder à des points de vue critiques, qui lui assureront un maximum de bénéfices et un impact équitable. Reconnaissant que les barrières linguistiques, culturelles et autres entravent souvent la participation des femmes et autres groupes non dominants, le CIFOR a lancé un Programme sur les sexes et la diversité qui a pour objet d’assurer que les activités de recherche incorporent des perspectives diverses et soient aussi accessibles que possible à tous les groupes. Les femmes sont au centre de cette initiative, en raison de l’accès traditionnellement inégal qu’elles ont aux terres boisées et à leurs ressources et à leur rôle restreint dans les prises de décisions locales, ce qui tend à compromettre leur sécurité sociale et économique.

Les questions de sexes sont bien représentées dans les critères et indicateurs sociaux que le CIFOR étudie en vue de mesurer les progrès vers l’aménagement durable des forêts. Parmi les mesures que les chercheurs du CIFOR testent actuellement du point de vue de leur utilité comme indicateurs du bien-être social parmi les habitants de la forêt, on note la nature et la portée de la participation des femmes dans la cogestion locale, ainsi que leur sécurité d’accès à la forêt et aux bénéfices qu’elle procure.

Quelle signification une telle recherche a-t-elle pour l’aménagement durable des forêts ? Par des études menées menées au Cameroun, par exemple, les chercheurs du CIFOR ont constaté que des modalités d’héritage qui interdisent aux femmes la propriété des terres peuvent influer sur la manière dont les terres boisées sont utilisées – au détriment possible du couvert forestier. La précarité de la tenure des terres dans la zone d’étude incite de nombreuses femmes du Cameroun à pratiquer surtout des cultures de subsistance, ce qui implique une culture itinérante et l’utilisation de plus grandes surfaces pour pouvoir faire une rotation des cultures, tandis que les hommes, en tant que possesseurs du sol, ont la possibilité de pratiquer des cultures pérennes commercialement importantes telles que caféier, cacaoyer et palmier à huile.

En 1998, au titre d’une subvention du Programme GCRAI sur la recherche participative et l’analyse par sexe en vue du développement technique et de l’innovation institutionnelle, le CIFOR a posé les bases d’études portant sur le rôle des femmes en Asie et en Afrique dans le cadre plus général d’études de critères et indicateurs susceptibles de servir de guides pour la cogestion communautaire des forêts. Le travail initial sera intégré dans des études déjà en cours dans le village de Long Loreh au Kalimantan oriental, en vue de rechercher des méthodes pouvant conduire à une amélioration des pouvoirs locaux et de la coopération entre les différents ayants droit.

Des organismes locaux tels qu’établissements de crédit jouent souvent un rôle central dans les moyens d’existence et la sécurité financière des populations forestières. Les recherches du CIFOR au Zimbabwe ont révélé des différences fondamentales de perceptions parmi les hommes et les femmes au sujet d’un organisme local de prêt, selon leurs rôles dans les ménages et l’expérience qu’ils avaient de cet organisme. Dans une enquête, les femmes avaient une très mauvaise opinion de cet organisme, tandis que les hommes le notaient très favorablement. On a constaté que ces différences d’attitude avaient pour origine la pratique courante de l’organisme d’accorder des prêts surtout aux secteurs de l’agriculture dominés par les hommes, tels que production de coton, de maïs et de tournesol, tandis qu’une faible priorité était accordée à des activités agricoles plus caractéristiques des femmes, telles que cultures potagères et arachide.

En Tanzanie, les études du CIFOR montrent que les difficultés économiques ont conduit à des changements dans les rôles respectifs des sexes dans les zones rurales. Les femmes étendent de plus en plus leur rôle, passant des activités domestiques traditionnelles à des activités lucratives telles que récolte et vente de produits forestiers, emplois temporaires et petit commerce. Les hommes assument progressivement des tâches qui étaient traditionnellement du domaine des femmes.