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[Aménagement des Forêts à des Fins Multiples]

 


Mise En Place De Politiques


 

Aucune recherche du CIFOR ne saurait avoir beaucoup d’effet si les instances de décision et les guides de l’opinion n’en recevaient et n’en utilisaient pas les résultats. Les politiques, dans de nombreux pays, sont lentes à réagir à des circonstances changeantes, et souvent elles entravent les efforts d’aménagement des forêts et d’amélioration du bien-être humain, en partie à cause de la faiblesse des mécanismes institutionnels et des instruments qui permettraient une telle réaction.

En novembre, le CIFOR a coorganisé un colloque d’une semaine à l’intention d’experts en analyse décisionnelle, de chercheurs et de gestionnaires forestiers de plusieurs pays, qui ont examiné les problèmes qui freinent l’application de politiques de foresterie communautaire, et les moyens de les surmonter. Dans les discussions centrées sur une étude de l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), portant sur plusieurs pays, et publiée sous le titre Policy That Works for Forests and People (Une politique qui fonctionne pour les forêts et les hommes), les participants ont conclu qu’il faudrait des politiques plus simples et plus cohérentes, et que les institutions locales jouent un rôle essentiel dans leur application efficace. Ils ont également souligné l’importance d’un dialogue suivi entre les multiples ayants droit, de façon à ce que les possibilités de réforme de politiques puissent être saisies lorsqu’elles se présentent.

Un autre travail du CIFOR a amené à la conclusion que les autorités locales ont besoin d’une assistance extérieure suffisante à la fois pour affermir leur appui à l’aménagement des forêts et pour renforcer leur capacité de le promouvoir. Cela suppose notamment qu’il existe des mécanismes clairs qui leur permettent d’exercer leurs droits légaux et de s’acquitter de leurs responsabilités, ainsi qu’un contexte général favorable aux initiatives locales. Tenant compte de ces considérations, le CIFOR recherche quels sont les types et les sources d’information que les responsables ont utilisés dans le passé pour guider leurs décisions. Des études initiales examinent le rôle de la recherche en matière de politiques dans la formulation de nouvelles lois forestières en Bolivie, au Cameroun, au Costa Rica et en Indonésie.

En 1998, des progrès importants en matière de méthodologie ont été accomplis au Malawi, en Tanzanie et au Zimbabwe, en faisant appel à des techniques d’"évaluation rurale rapide" pour conduire une recherche plus participative sur les effets de différents changements dans les politiques au niveau des ménages, en les complétant par une information provenant de sources secondaires et d’informateurs clefs ainsi que par une modélisation économique afin d’avoir une idée plus claire des interactions complexes qui déterminent de quelle manière les différentes politiques influent sur les moyens d’existence des communnautés locales et les usages qu’elles font des ressources forestières, ainsi que sur les institutions locales.

Les difficultés économiques qui ont régné au Zimbabwe dans les dernières années, à la suite d’une dévaluation de la monnaie et des réformes concomitantes des politiques gouvernementales, sont apparues comme étant la raison de l’écroulement des efforts communautaires et de l’abandon de la famille élargie. On a constaté également que les mesures de réforme avaient un effet négatif sur les organismes étatiques oeuvrant dans les zones rurales, notamment ceux qui ont trait à l’agriculture et à la gestion des ressources naturelles.

Bien que, dans de nombreux pays africains, les institutions traditionnelles se soient érodées, elles conservent un potentiel important pour l’aménagement des ressources naturelles. En Tanzanie, certaines politiques macroéconomiques ont créé des conditions qui ont conduit à un élargissement de la base de revenus en argent des communautés rurales, et ont conféré une valeur à certains produits forestiers auparavant non commercialisables. Néanmoins, ces politiques s’avèrent en même temps préjudiciables pour l’aménagement traditionnel et officiel des ressources de forêts naturelles.

Au Malawi, les politiques d’ajustement structurel visant à libéraliser la production du tabac et la commercialisation du maïs et du tabac, ainsi que d’accroître les possibilités d’accès à des devises étrangères, se sont avérées encourager l’extension des surfaces consacrées à ces cultures aux dépens des forêts naturelles. Des études ont montré que les villageois vivant autour des réserves forestières sont les principaux agents du déboisement et de la dégradation des milieux, du fait de la coupe anarchique d’arbres, du défrichement de jardins, du pâturage et de la fabrication de charbon de bois.