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[De Meilleurs
Instruments pour
l’Aménagement des
Forêts
]

 


Critères et Indicateurs


 

En 1998, le CIFOR a achevé la phase initiale de quatre ans de son projet pilote ayant pour objet de développer des méthodes objectives pour déterminer si les forêts sont aménagées de manière durable. Désigné sous le terme général de "Critères et indicateurs" (C&I), ce travail a suscité un intérêt tel dans les secteurs de la forêt et de la conservation, que des dizaines d’institutions et d’experts individuels à travers le monde ont fait équipe avec le CIFOR pour tester des critères et indicateurs susceptibles d’être utilisés dans une large gamme de situations.

Les résultats de ce travail sont suivis de près par de nombreux organismes nationaux et internationaux qui s’efforcent de découvrir des moyens de définir et de mesurer la "durabilité" de la forêt (stabilité et aptitude à une production soutenue), et d’assurer la viabilité de programmes de certification des bois et autres produits forestiers. Une nouvelle impulsion a été donnée par une récente initiative de la Banque mondiale et du Fonds mondial pour la nature, prescrivant d’avoir 100 millions d’hectares de forêts tropicales certifiées comme étant aménagées de manière durable d’ici à 2005.

Les "Critères" ne sont pas des instruments de mesure mais des normes selon lesquelles on doit juger la situation étudiée. Les "Indicateurs" sont un moyen de mesurer la réalisation des normes.

Les indicateurs sont depuis longtemps un instrument important dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la finance, pour suivre les problèmes potentiels et guider l’adoption de mesures correctives et de changements de politiques lorsque c’est nécessaire. De la même façon, les critères et indicateurs devraient permettre de suivre l’état de santé et la gestion des forêts.

La vigueur biologique, telle qu’indiquée par des conditions telles que niveaux de biodiversité, est un bon indicateur de la durabilité. La mise au point de critères et indicateurs de la biodiversité est un des éléments du programme de recherche du CIFOR. Mais il faut aussi des mesures supplémentaires pour apprécier les conditions sociales et les relations entre les populations forestières et les surfaces qu’elles occupent.

Etant donné que les forêts tropicales sont complexes et variées, il n’est pas possible d’avoir un "ensemble universel" de critères et indicateurs. Les chercheurs doivent au contraire concevoir des ensembles de critères et indicateurs localement adaptés, appropriés à diverses situations, telles que forêts faisant l’objet de concessions d’exploitation en cours.

Le programme de recherche du CIFOR sur les critères et indicateurs, dirigé par Ravi Prabhu et maintenant intégré à un programme nouvellement restructuré dirigé par Carol J. Pierce Colfer, s’est axé pour une large part sur la mise au point d’indicateurs de la stabilité sociale en relation avec l’aménagement des forêts. Une réalisation importante a été la mise au point en 1998 d’une série d’outils pour guider l’élaboration de critères et indicateurs. Ces outils comprennent un canevas général pour la construction d’un ensemble minimal de critères et indicateurs, et un ensemble de manuels. Un exemple de ces derniers est The BAG (The Basic Assessment Guide for Human Well-Being - Guide pour l’évaluation générale du bien-être humain), qui a pour objet d’aider les utilisateurs à faire appel à diverses méthodes des sciences sociales pour l’élaboration et l’évaluation de critères et indicateurs. La dernière addition, CIMAT (Criteria and Indicators Modification and Adaptation Tool – Outil pour la modification et l’adaptation de critères et indicateurs), est un modèle informatique qui intègre des critères et indicateurs relatifs à la production de biens et services, à la politique, aux questions sociales et à l’écologie, et fournit une assistance à ceux qui désirent incorporer dans les critères et indicateurs des éléments concernant les communautés et autres connaissances spécifiques de la localité.

En 1998, les chercheurs du CIFOR ont présenté les résultats des travaux en cours dans plusieurs pays en vue de concevoir des moyens appropriés et efficaces d’évaluer le bien-être humain dans diverses situations en zones forestières. Un domaine d’intérêt essentiel à cet égard est l’appréciation des bénéfices relatifs revenant aux divers ayants droit dans les zones forestières et les questions qui s’y rapportent, telles que la mesure dans laquelle la population locale a des "droits" dans la gestion des forêts, et la manière dont ces droits sont attribués.

Une étude, par exemple, a exploré cette question sur des sites en Indonésie et au Cameroun qui étaient jugés "riches en forêt" ou "pauvres en forêt". Les chercheurs ont constaté que, tandis que l’Etat et les exploitants forestiers avaient un accès prédominant au bois, source de revenus en argent, la population locale avait accès principalement aux autres ressources forestières. Il y a d’importantes variations dans la distribution des bénéfices, et les travaux futurs analyseront les structures qui contribuent à ces différences.

Dans le même temps, lors d’un colloque organisé en mars par la FAO, un groupe d’experts en biodiversité, comprenant des généticiens et des écologues, a discuté des questions essentielles qui se posent dans l’élaboration de critères et indicateurs pour l’évaluation de la biodiversité. En 1998 les recherches du CIFOR dans ce domaine ont changé d’orientation pour se concentrer davantage sur des aspects plus larges de la biodiversité, en accord avec son programme d’ensemble de recherche sur la biodiversité. Les principales activités entreprises en 1998 sont la préparation d’une prospection bibliographique sur les seuils critiques des critères et indicateurs de la biodiversité, et la planification de tests de terrain prévus pour commencer mi-1999.