De la fin de 1997 au début de 1998, le monde a regardé avec horreur et tristesse les feux qui ont ravagé des millions d’hectares de forêt tropicale en Indonésie, ouvrant de larges tranchées à travers les îles de Sumatra et de Bornéo, et produisant un nuage de fumée qui a mis en danger la santé de millions de personnes et la sécurité des transports aériens, et causé d’immenses pertes économiques dans toute la région.

Bien que le plan de travail officiel du CIFOR ne comprenne pas de projets relatifs aux feux de forêt, le désastre qui se produisait dans sa propre "arrière-cour" a suscité sa préoccupation, et il a entrepris des efforts intensifs pour traiter ce problème. La recherche en cours sur les causes du déboisement a permis au CIFOR de formuler des commentaires autorisés sur les effets des feux sur les forêts d’Indonésie. Des chercheurs du Centre ont été invités à participer à de nombreuses réunions et conférences concernant les feux, et ont été associés aux efforts de l’Indonésie et d’autres pays pour élaborer des stratégies en vue de traiter ce problème.

Des états de la situation régulièrement remis à jour et autres informations de base ont été mis sur le site Internet du CIFOR. En conséquence, le CIFOR a acquis une grande considération auprès des médias et du grand public en tant que source d’information scientifique indépendante sur la situation. Un documentaire produit par la BBC présente de longs commentaires de William Sunderlin, chercheur du CIFOR.

Avec l’appui du Centre international pour la recherche en agroforesterie (ICRAF), de l’Unesco et du Centre commun de recherche de la Commission européenne, le CIFOR a en 1998 publié un important rapport général, intitulé Bilan des projets sur les feux de forêt en Indonésie: 1982-98, qui récapitule les grands feux qui se sont produits dans le Sud-Est asiatique dans les deux dernières décennies, les idées actuelles sur leurs causes et leurs effets, et une large gamme de projets visant à traiter ce problème.

Déjà aux 15ème et 16ème siècle, les explorateurs portugais et hollandais décrivaient de grands feux dans les forêts et les tourbières de Bornéo, accompagnés d’une brume suffocante qui s’étendait jusqu’à l’emplacement actuel de Singapour. Plus récemment, des feux importants se sont produits périodiquement dans la région au cours des années 80 et 90. Mais les experts s’accordent à dire que ceux de 1997-98 ont été particulièrement destructeurs, en raison de la forte sécheresse associée au phénomène récurrent de l’Oscillation australe d’El Niño, coïncidant avec une expansion des défrichements pour les plantations agricoles.

Le rapport sur les feux publié par le CIFOR montre que, avant 1994, des gouvernements et des organisations à travers le monde ont fourni une assistance principalement sous la forme d’une aide d’urgence à court terme, d’un appui à la gestion, ainsi que d’équipements techniques et de formation. Les feux récents plus dévastateurs, cependant, ont suscité des appels à des efforts plus concentrés pour comprendre et traiter les causes des incendies.

Fin 1997 fut lancée une initiative multinationale intensive, faisant appel à des images de satellite à haute résolution pour observer les départs de feux et cartographier les zones incendiées. Tandis que les feux faisaient rage, l’Internet a fourni un moyen de diffusion rapide d’information à jour sur cette catastrophe écologique à l’intention des scientifiques, des organismes officiels, des journalistes, des donateurs et du grand public. De nombreux autres projets ont traité des capacités de lutte contre les feux, des incidences en matière de politiques, et autres questions.

A la fin de l’année, des chercheurs du CIFOR et de l’ICRAF ont rencontré des représentants du Gouvernement des Etats-Unis pour planifier une étude approfondie de trois ans sur les causes et les effets des feux, qui sera financée par le Service forestier des Etats-Unis et l’USAID. On combinera la télédétection et les études sociologiques locales pour aider à l’analyse des causes des feux et fournir une base pour de meilleurs programmes de lutte.

Des études initiales seront menées sur deux sites touchés par les incendies de 1997-98 : Lampung à Sumatra, et Kalimantan oriental.

Le Service forestier des Etats-Unis coordonnera l’acquisition de données de télédétection, tandis que le CIFOR et l’ICRAF effectueront le travail au sol pour confirmer les données, déterminer les pratiques d’utilisation des terres et rechercher quels sont les facteurs sociaux qui ont pu contribuer aux feux. Finalement, ce travail sera étendu pour étudier de manière plus approfondie les causes dex feux.