[Table of Contents]

[Vers un Aménagement
Durable des Forêts
]

 

Conservation de la Biodiversité


 

A l’heure actuelle, les préoccupations concernant la disparition des forêts tropicales procèdent pour une bonne part de la sensibilisation du grand public à leur importance en tant que conservatoire de la biodiversité. Cependant l’on ne dispose encore que de bien peu de connaissance scientifique valable sur la nature et l’importance des pertes de biodiversité dues aux perturbations dont la forêt est l’objet.

Les recherches du CIFOR dans ce domaine comprennent des études visant à déterminer les impacts de perturbations telles qu’exploitation forestière, extraction de produits forestiers autres que le bois et morcellement des forêts sur la conservation in situ de la biodiversité. L’un des buts est de rassembler, à partir de sites de recherche écorégionale représentatifs, des données généralisables pouvant servir à élaborer et tester des modèles spatiaux et des schémas d’évolution.

Des chercheurs de l’Inde, de Thaïlande, d’Indonésie et de Malaisie travaillent actuellement sous les auspices du CIFOR et de l’Institut international de recherches phytogénétiques (IIRPG) à un vaste projet qui a pour objet d’étudier de quelle façon les activités humaines influent sur les ressources génétiques des forêts. Il s’agit d’un travail multidisciplinaire, qui comporte des recherches sur les ressources génétiques, l’écologie de la reproduction des espèces étudiées, et les aspects socioéconomiques des communautés vivant en forêt et alentour.

En Malaisie, par exemple, on a constaté que, bien que les impacts de l’exploitation forestière soient évidents sur toutes les espèces échantillonnées, la perte de diversité génétique n’excède pas 24 pour cent. De même, l’impact de l’extraction de bois d’oeuvre et de bois de feu en Thaïlande n’est important que pour de très fortes intensités d’abattage. Une étude menée au Kalimantan Central a démontré un accroissement notable de la consanguinité chez des essences forestières après exploitation – résultats qui feront l’objet d’une étude plus poussée sur une espèce de diptérocarpacée.

En 1998, avec le recrutement de John Poulsen, expert de l’Agence danoise de développement international (DANIDA), le CIFOR a lancé une nouvelle initiative dans le cadre de ce projet dans les Ghâtes occidentales (Inde). Cette étude, qui comporte de vastes enquêtes auprès des populations tribales et autres de la région, évaluera à l’échelle du terroir les impacts de l’extraction de produits forestiers autres que le bois sur la flore et la faune de la région, notamment oiseaux, papillons, petits mammifères, arbres et plantes herbacées.

D’autres travaux menés en Inde dans le cadre de ce projet ont révélé que les ménages pauvres sont ceux qui sont le plus dépendants de la récolte de produits forestiers divers, et qu’avec la commercialisation de nombre de ces produits il y a une tendance à les exploiter de manière excessive, même parmi les communautés autochtones qui en tirent traditionnellement leurs moyens d’existence. En conséquence, la régénération de certaines espèces végétales importantes est presque totalement absente dans certaines zones, d’où une érosion de la diversité génétique de ces espèces.

Au Kalimantan Central, des chercheurs du CIFOR étudient les effets de l’exploitation forestière sur la diversité des oiseaux et des petits mammifères, ainsi que sur la structure de la végétation. Les résultats initiaux des comparaisons de la biodiversité entre sites forestiers exploités et non exploités indiquent que l’exploitation sélective a des effets moins marqués sur la richesse et la diversité spécifiques. La structure des communautés aviaires, la composition spécifique et l’abondance relative sont influencés à la fois par l’exploitation forestière et par les facteurs du paysage (tels que mesurés par la position topographique et par l’humidité).

Dans le même temps, des données sur la biodiversité initiale fournies par des enquêtes intégrées en Indonésie, en Thaïlande, en Amazonie occidentale et au Cameroun fournissent des aperçus sur la réponse de la biodiversité et du stockage du carbone suivant des gradients d’intensité d’utilisation des terres. De nouveaux indicateurs génériques de ces schémas de réponse ont été définis en faisant appel aux "Types fonctionnels de plantes" (TFP), qui traduisent l’adaptation des plantes à des milieux physiques changeants. Une étude multidisciplinaire conduite dans les plaines de Sumatra (Indonésie) a établi des liens potentiellement utiles entre structure de la végétation, groupes clefs d’espèces végétales et animales, types fonctionnels de plantes et disponibilité d’éléments nutritifs dans le sol.

Enfin, au Costa Rica, les chercheurs du CIFOR et leurs collaborateurs étudient les effets du morcellement sur la diversité génétique. Ces études sont menées dans un ensemble de 22 relictes isolées de végétation situées à la périphérie d’une zone qui a été défrichée principalement en vue de l’élevage extensif. Cette recherche a pour objet de déterminer si le morcellement influe défavorablement sur l’action des insectes pollinisateurs, et quelles sont les conséquences possibles pour la diversité génétique de quatre importantes essences forestières.