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[Vers un Aménagement
Durable des Forêts
]

 


Forêts Secondaires


 

Les forêts secondaires, procédant de la régénération de forêts naturelles défrichées en vue de l’élevage ou de l’agriculture, constituent un sujet important de recherche pour le CIFOR en raison de l’évidence croissante du fait qu’elles aident à contrecarrer la destruction des forêts primaires. Des études ont démontré que les forêts secondaires peuvent être aménagées en vue de produire une grande partie des produits que les ménages ruraux tirent traditionnellement des forêts primaires, tout en procurant certains des bénéfices écologiques de celles-ci. Ces conclusions amènent à s’intéresser aux efforts visant à accroître, grâce à des interventions techniques et des orientations appropriées, la valeur des forêts secondaires aux yeux des agriculteurs, les incitant ainsi à maintenir les surfaces affectées aux forêts secondaires et à retarder leur reconversion à d’autres usages.

La plupart des études dans ce domaine se situent dans divers pays d’Amérique du Sud, sous la direction de Joyotee Smith et César Sabogal. On estime à 165 millions d’hectares les surfaces couvertes de forêts secondaires en Amérique Latine. Ce travail est financé par la Banque de développement interaméricaine et de l’Agence espagnole de coopération internationale, et bénéficie d’une participation importante du Centre de recherche et d’enseignement en agriculture tropicale (CATIE).

En 1998, le programme a enregistré des constatations encourageantes dans une étude en Amazonie péruvienne, contrastant avec le tableau sombre qui est la règle en matière de déboisement dans les tropiques. Les résultats de cette étude montrent qu’il existe dans la zone étudiée d’importantes surfaces de forêt secondaire, même après plusieurs décennies de colonisation. Les conséquences sont importantes, parce qu’il semble en ressortir que le déboisement lié à l’agriculture itinérante serait bien moins important qu’on ne le pense généralement.

Les chercheurs ont constaté que la régénération de forêts secondaires sur des sols précédemment défrichés semble atténuer les effets de la disparition de la forêt primaire résiduelle. Par suite de ce recrû de forêt secondaire, plus d’un tiers des exploitations agricoles de la zone étudiée conservent un couvert boisé, même trente ou quarante ans après le premier défrichement.

Cette étude et d’autres au Brésil et au Nicaragua s’inscrivent dans un effort général pour mieux appréhender la dynamique des forêts secondaires – à savoir, comment leur rôle évolue à mesure que la frontière agricole avance. Les sites d’étude dans ces trois pays ont été choisis de manière à représenter différents stades d’avancement de la colonisation, et on y mène des études biophysiques et socioéconomiques. Un des objectifs du projet est de mettre au point des modèles bioéconomiques pour étudier la manière dont les changements dans différents facteurs influent sur la rentabilité des petites exploitations agricoles en forêt et sur les décisions en matière d’utilisation des terres.

D’autres initiatives dans le cadre de ce programme de recherche sont notamment des études d’évaluation d’interventions sylvicoles destinées à améliorer la productivité des essences des forêts secondaires. Après une étude pilote au Costa Rica, des expérimentations ont été mises en place au Pérou et au Nicaragua. Le CIFOR travaille également à la rédaction d’un ouvrage qui présentera une étude comparative de forêts exploitées et de forêts secondaires dans trois régions du monde, et examinera les aspects relatifs à l’aménagement rationnel de ces forêts.