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[Vers un Aménagement
Durable des Forêts
]

 

Exploitation Forestière à Faible Impact


 

Les pratiques classiques d’exploitation sont souvent très destructrices pour les écosystèmes forestiers. Les engins lourds tassent le sol et détruisent la végétation, tandis que l’extraction de grands volumes de bois risque de favoriser l’érosion, de réduire la diversité spécifique et de diminuer la capacité de régénération de la forêt. L’accumulation de débris organiques rend les forêts plus vulnérables en cas d’incendie.

Depuis sa création, le CIFOR a donné priorité à des études destinées à évaluer les effets écologiques d’une exploitation forestière à faible impact. Dans le cadre d’un programme général sur l’aménagement forestier, le CIFOR a réalisé des études sur l’exploitation forestière à faible impact en Malaisie, au Brésil, en Indonésie, au Cameroun, en Bolivie, en Tanzanie et en Zambie, dont les résultats aident à élaborer des directives et des instruments (tels que logiciels) pour organiser la production ligneuse de manière à réduire au minimum les effets écologiques secondaires nuisibles. Etant donné que l’adoption de telles méthodes suppose l’appui des exploitants forestiers et du gouvernement, le CIFOR s’attache à réaliser ce travail en collaboration avec des entreprises privées et étatiques.

Les études antérieures menées par le CIFOR et autres institutions ont démontré que les dommages pour le milieu peuvent être réduits par l’emploi de techniques adaptées à chaque station particulière. Parmi leurs conclusions, il a été démontré que les méthodes à faible impact permettent de réduire de 25 pour cent les dommages causés au sol par les engins lourds, et conduisent à un gain allant jusqu’à 50 pour cent dans le "stockage du carbone" par la végétation subsistante. Dans certaines expériences d’exploitation à faible impact dans des forêts tropicales de plaine, le dommage au sol et aux régénérations préexistantes a été réduit d’environ 50 pour cent par rapport aux méthodes classiques.

Des conclusions encourageantes telles que celles-ci ont amené l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT) à adopter l’objectif d’une application généralisée de l’exploitation à faible impact d’ici à l’an 2000. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a récemment publié un Code modèle de pratiques d’exploitation forestière, et d’autres institutions ont publié des directives analogues. De telles directives fournissent une base générale pour les pratiques d’exploitation à faible impact, mais elles doivent être interprétées en fonction de chaque situation particulière au niveau de la station.

Les études d’exploitation forestière à faible impact sont un des grands thèmes sur lesquels portent les travaux du CIFOR dans la Forêt de recherche de Bulungan au Kalimantan oriental (Indonésie). Un objectif essentiel est d’aider au développement d’incitations générales pour promouvoir l’adoption de méthodes d’exploitation à faible impact par les concessionnaires forestiers.

Dans de nombreux pays industrialisés, des méthodes d’extraction de bois à faible impact dans les forêts naturelles sont en usage depuis de nombreuses années, pourtant de telles pratiques ne se sont guère propagées dans les forêts tropicales. Dans un article intitulé "Pourquoi les pratiques d’exploitation forestière défectueuses persistent-elles dans les tropiques ?", Jack Putz et Dennis Dykstra, du CIFOR, examinent les excuses communément invoquées par les exploitants forestiers lorsqu’on leur demande pourquoi ils n’utilisent pas de meilleures techniques. Les auteurs contestent ces arguments en faisant ressortir les avantages de l’exploitation à faible impact.

L’économie de l’exploitation forestière à faible impact est l’objet principal d’études appuyées par le CIFOR, en cours depuis 1996 sur deux sites du Brésil: la Forêt nationale des Tapajós près de Santarém, et la forêt expérimentale de Curua-Una en aval de Santarém. Dans une nouvelle initiative de recherche au Brésil, des chercheurs du CIFOR à Belém ont organisé en décembre avec l’EMBRAPA une réunion de travail pour discuter de directives pour les expériences d’exploitation à faible impact dans les forêts de production d’Amazonie orientale. Ce travail s’inscrit dans un projet conjoint qui a pour but d’élaborer un plan d’aménagement forestier pour la région.

Dans le même temps, en Tanzanie et en Zambie, le CIFOR participe à deux études de terrain coordonnées d’exploitation à faible impact au titre d’un programme de longue durée, financé par l’Union européenne, ayant pour objet l’aménagement rationnel des importantes forêts de miombo, écologiquement menacées, d’Afrique orientale, Centrale et Australe.