Logiciels novateurs dévaluation forestière mis à jour
Comment faire passer laménagement
forestier rationnel dun concept confus à la réalité ? Le CIFOR aide à
répondre à cette question grâce à son travail novateur sur les critères et
indicateurs (C & I). Le Manuel des critères et indicateurs (C & I
Toolbox), lancé en 1999, a fourni le premier ensemble pratique et complet de
matériels pour aider au développement de critères et indicateurs pour
laménagement forestier.
Cette panoplie fait lobjet dune
forte demande. La parution dune nouvelle version demploi plus facile du
logiciel de base, CIMAT II, en octobre 2000, rendra les matériaux pour
lélaboration de critères et indicateurs encore plus accessibles. CIMAT est le
sigle de Criteria and Indicators Modification and Adaptation Tool (Outil de
modification et adaptation de critères et indicateurs). Il consiste en un CD-ROM
présentant un canevas de base et des instructions pas à pas pour créer des
critères et indicateurs adaptés à une forêt donnée. Dans les deux mois suivant sa
sortie, CIMAT II avait déjà été distribué à des utilisateurs dans 26 pays.
Les critères et indicateurs constituent des
orientations de référence, des conditions biophysiques et des pratiques de gestion qui
fournissent une base pour déterminer si une forêt donnée a des chances de survivre à
long terme dans les conditions actuelles dutilisation. Les critères et indicateurs
permettent dévaluer quantitativement les changements dans le temps, en repérant
les problèmes réels ou potentiels qui demandent attention. Une altération de la
qualité des eaux ou un déclin des populations dessences clefs, par exemple,
peuvent signaler un sérieux dommage écologique.
Le CIMAT a été élaboré à
lintention dune diversité dutilisateurs organismes de
certification, administrations publiques, gestionnaires forestiers, donateurs, directeurs
de projet, chercheurs, citoyens et toutes personnes sintéressant à
laménagement forestier. Le Programme du CIFOR sur la Cogestion adaptative utilise
une version simplifiée de critères et indicateurs dans nombre des méthodes mises au
point pour renforcer la participation locale à laménagement forestier.
Des versions en anglais et en indonésien de
CIMAT II sont disponibles, et des éditions dans dautres langues sont prévues. Une
caractéristique particulièrement novatrice de ce logiciel est son aptitude à produire
des jeux de critères et indicateurs sur mesure adaptés à différents types
de forêts. Un utilisateur peut partir dun quelconque des divers ensembles de
critères et indicateurs mis au point depuis quelques années par diverses organisations,
dont un ensemble générique du CIFOR, et le modifier en fonction des
conditions et des priorités locales.
Parmi les utilisateurs vivement intéressés
aux productions du CIFOR en matière de critères et indicateurs figure par exemple
lOrganisation africaine des bois (OAB). Les pays membres se sont réunis en
décembre pour examiner les progrès et planifier les prochaines étapes dans les efforts
de lOAB pour produire un ensemble de critères et indicateurs qui puisse guider
laménagement des forêts en Afrique et éventuellement fournir la base dun
système pan-africain de certification.
Ravi Prabhu et autres spécialistes des
critères et indicateurs au CIFOR travaillent également avec dautres organisations
et un certain nombre de gouvernements pour élaborer et tester des ensembles de critères
et indicateurs appropriés pour une diversité de types de forêts.
Promotion des plantations forestières
tropicales à fins multiples
Les plantations à grande échelle se sont
rapidement développées dans le Sud-Est asiatique depuis une quinzaine dannées, du
fait que lexploitation forestière et les défrichements ont entraîné un
épuisement des forêts naturelles, jadis seule source de bois dans la région pour
lindustrie. Un certain nombre dobstacles doivent être surmontés, cependant,
pour faire des forêts artificielles dans les tropiques une spéculation stable et
attrayante pour les investisseurs.
Certaines des containtes procèdent de
problèmes biophysiques tels que pauvreté des sols en éléments nutritifs, et
nécessité de restaurer les sols dégradés pour rétablir leur productivité. Le
Programme de plantations forestières du CIFOR conduit un large éventail de recherches
pour résoudre de tels problèmes techniques. Il est tout aussi important de
sintéresser aux facteurs sociaux et écologiques associés à lexpansion des
reboisements, tels que conflits entre entreprises et communautés locales au sujet de
laccès au sol.
Un élément de la recherche est
létude de moyens pour rendre les plantations tropicales mutuellement acceptables
par les diverses parties concernées les entreprises, qui ont besoin dun
approvisionnement régulier en bois; les communautés locales, dont les membres veulent
avoir accès aux sols et aux ressources forestières nécessaires pour leurs moyens
dexistence; les gouvernements et les groupes de défense de la nature, qui cherchent
un remède à la destruction continue des forêts naturelles.
Dans la province de Riau (Sumatra), le CIFOR
et lUniversité agronomique de Bogor travaillent avec une grande société de
reboisement, PT Riau Andalan Pulp and Paper, pour étudier des formules
daménagement qui répondent simultanément aux objectifs de production ligneuse, de
bénéfices économiques locaux et de protection de la flore et de la faune locales,
telles que populations menacées déléphants et de diverses espèces de primates.
Les reboiseurs dIndonésie sont tenus
de mettre en réserve 15 pour cent de leurs concessions comme aires de conservation ou
couloirs. Cependant cela ne permet quune action très limitée de conservation de la
biodiversité. Il sajoute à ce problème que la population locale évincée
des zones de plantation et ne se voyant pas offrir demplois par la société de
reboisement abat des arbres dans les aires de conservation et couloirs, et dégrade
ainsi les habitats de la faune sauvage.
La modélisation de la dynamique des
systèmes et autres instruments ont été suggérés comme moyens pour planifier et
aménager les couloirs de faune en vue de réduire les abattages illicites tout en
permettant à la population locale de récolter du bois de feu, des plantes médicinales
et autres produits forestiers pour assurer leurs moyens de subsistance. Les études ont
également démontré que les efforts de conservation pourraient être renforcés à
faible coût marginal pour les reboiseurs.
Dans un autre courant de recherches sur le
reboisement, le CIFOR poursuit son travail de définition de critères et indicateurs
efficaces pour apprécier le degré de durabilité des plantations forestières. Ce
travail s'inspire des critères et indicateurs mis au point par le CIFOR pour les forêts
naturelles et les forêts gérées par les communautés, qui font maintenant autorité. En
2000 s'est achevé un projet de trois ans de mise au point et tests de critères et
indicateurs dans des forêts artificielles en Inde et en Indonésie, et les résultats des
deux études de cas ont été publiés à la fin de lannée.
Le programme a également progressé en 2000
dans un projet dont lobjectif final est de maximiser la production de bois ronds par
des petits agriculteurs pour alimenter lindustrie. En raison de la forte
compétition pour la terre dans le Sud-Est asiatique et dans dautres régions tropicales, un intérêt croissant se manifeste
pour linstallation de petites plantations forestières sur des terrains agricoles
marginaux. Par une série détudes de cas dn Indonésie, en Malaisie et aux
Philippines, le CIFOR et plusieurs partenaires de recherche étudient les conditions et
les types de partenariat nécessaires pour accroître lappui à une telle approche.
Un rapport sur les conclusions préliminaires de ce travail était en préparation à la
fin de lannée.
Il faut une recherche plus globale pour
résoudre les problèmes des ressources naturelles
A mesure que la société et la communauté
scientifique reconnaissent davantage la nécessité dun équilibre entre une
production agricole améliorée et la conservation de lenvironnement, il y a une
demande croissante dapproches plus intégrées de laménagement des ressources
naturelles. Le CIFOR est en tête des efforts menés pour mieux définir
laménagement intégré des ressources naturelles et pour inscrire les approches de
cet aménagement dans les programmes de recherches du GCRAI.
En août 2000, des représentants de la
plupart des centres GCRAI et de plusieurs institutions partenaires se sont réunis au
Centre international pour laménagement des ressources vivantes aquatiques à Penang
(Malaisie) afin de considérer les moyens de mieux concilier les programmes de recherches
du GCRAI avec laménagement intégré des ressources naturelles. Ce colloque faisait
suite à un précédent qui sest tenu en septembre 1999 aux Pays-Bas. Tous deux
étaient organisés par le Directeur général du CIFOR, Jeffrey Sayer, sous le parrainage
du Comité des directeurs de centres GCRAI.
Le premier colloque première réunion
du GCRAI sur la question sest conclu par une déclaration désignée sous le
nom de Consensus de Bilderberg. Les participants y convenaient que cette
approche est hautement appropriée pour combiner les importants efforts du GCRAI en
matière damélioration des cultures agricoles avec la recherche plus large sur les
systèmes agroécologiques.
Laménagement intégré des ressources
naturelles fonctionne dune manière très analogue au raisonnement par
système moderne. Il comporte une étude des interactions entre toutes les
ressources naturelles dans un terroir donné sols, eaux, ressources biologiques et
atmosphériques au lieu de chercher à traiter un problème spécifique isolé de
son contexte plus large. En outre, laménagement intégré répond mieux aux
perspectives sociales et culturelles que les approches de la recherche traditionnelle.
A Penang, les congressistes ont réalisé
plusieurs importantes avancées conceptuelles. Parmi celles-ci, ils sont parvenus à une
définition plus claire des approches de laménagement intégré des ressources
naturelles, et ont conçu un cadre indiquant comment les effets de la recherche fondée
sur laménagement intégré pourraient être évalués. Les participants ont
dautre part examiné plusieurs études de cas en Asie, en Afrique et en Amérique
Latine illustrant la manière dont plusieurs centres GCRAI emploient déjà les méthodes
daménagement intégré des ressources naturelles pour traiter avec succès des
problèmes concrets.
Dans le même temps, les chercheurs qui
dirigent les programmes du GCRAI sur les ressources génétiques réfléchissent aux
incidences des approches daménagement intégré des ressources sur la nature de
leur travail damélioration et de conservation des patrimoines génétiques. En juin
2000, plusieurs dizaines de généticiens et de spécialistes des ressources naturelles se
sont réunis au CIFOR pour en discuter. John Poulsen, du Programme de conservation de la
biodiversité du CIFOR, a dirigé la planification de la réunion, qui était organisée
dans le cadre du Programme sur les ressources génétiques à léchelle du réseau
GCRAI.
Les spécialistes de la génétique étudient
la question pour une part parce que les parties de la Convention sur la diversité
biologique, à leur cinquième réunion, ont approuvé une approche par écosystème de la
conservation et de lutilisation durable de la biodiversité. Pour jouer un rôle
dans la mise en oeuvre de laccord mondial sur la biodiversité, les centres GCRAI
devront par conséquent poursuivre des approches intégrées et par écosystème de
laménagement des ressources.
Lors de la réunion au CIFOR, les
participants firent une incursion dans ce domaine en définissant les relations entre les
questions de ressources génétiques et les autres aspects de la gestion des ressources
naturelles.
Au sein du GCRAI, de plus en plus de
personnes adoptent lidée que laménagement intégré des ressources
génétiques et celui des ressources naturelles en général devraient être liés, le
second fournissant le cadre pour le premier. Le Groupe de travail du GCRAI sur
laménagement intégré des ressources naturelles se réunira en 2001 à Cali
(Colombie), au Centre international pour lagriculture tropicale, en vue de discuter
de cette question.
Recherche sur laménagement intégré
des ressources: de quoi sagit-il ?
Des représentants de centres GCRAI qui se
sont réunis en août 2000 à Penang (Malaisie) ont défini laménagement intégré
des ressources naturelles comme étant un processus conscient dincorporation
des multiples aspects de lutilisation des ressources naturelles dans un système
daménagement durable en vue de répondre aux objectirfs explicites de production
des agriculteurs et autres usagers (par exemple rentabilité, réduction des risques),
ainsi que les objectifs de la communauté en général (pérennité des ressources).
Un rapport publié en octobre par le CIFOR,
intitulé INRM Research in the CGIAR, 2000 (Recherche
sur laménagement intégré des ressources naturelles au GCRAI en 2000), rapporte
les phases marquantes de la réunion. Parmi les domaines dintérêt, les
participants reconnurent les caractéristiques suivantes de la recherche sur
laménagement intégré des ressources naturelles :
·
Elle emploie des méthodes fondées sur les
systèmes et axées sur les processus (plutôt quempiriques).
·
Elle travaille à des échelles multiples
et met en jeu de multiples acteurs.
·
Elle traite les inévitables compromis
entre divers choix daménagement des ressources.
·
Elle emploie de nouveaux instruments et de
nouvelles méthodologies pour lexécution et lévaluation.
·
Elle est transposable à une plus grande
échelle.
·
Elle conduit à des effets mesurables.
FLORES : du laboratoire au
terrain
De nouveaux instruments et de nouvelles
techniques sont nécessaires pour aider aux processus complexes de prise de décisions et
de planification propres aux approches plus intégrées de laménagement des
ressources naturelles. En 2000 le CIFOR a poursuivi le développement dun tel
instrument, un système de modélisation informatique baptisé FLORES, passant du
laboratoire de recherche au terrain.
FLORES (Forest Land Oriented Resource
Envisioning System = Système de prévision pour les ressources, adapté aux terres
boisées) permet aux utilisateurs de simuler les scénarios qui ont des chances de se
présenter à la suite de différents choix daménagement des ressources naturelles.
Dans le cadre des études de terrain au Zimbabwe, les chercheurs ont été initiés au
système, qui peut être modifié en fonction des conditions et des priorités locales.
Ils se sont entraînés à lappliquer à des problèmes réels de ressources
naturelles. Plusieurs participants ont élaboré des systèmes analogues pour les besoins
de leur propre travail. Un des chercheurs, par exemple, la rattaché à des efforts
du WWF pour élaborer un modèle des ressources en bois de feu et autres sources possibles
dénergie domestique.
Ce travail de terrain a fourni une occasion
de tester une nouvelle composante de FLORES destinée à aider à son adoption par des
gens ayant peu ou pas dexpérience en modélisation. Nommée FLORES Adaptation and
Calibration (Adaptation et étalonnage de FLORES), ou FLAC, cest un logiciel
dappui qui enseigne aux utilisateurs les concepts qui sont à lorigine de
FLORES, fondé sur la réflexion par systèmes, et la manière de ladapter pour des
situations et des besoins particuliers.
Ces progrès font suite à un certain nombre
de modifications effectuées par léquipe de conception en 2000. La plus grande
partie du travail informatique sur FLORES est faite à lUniversité dEdimbourg
par Mandy Haggith et Jasper Taylor. Laxman Joshi, du Centre international pour la
recherche en agroforesterie (ICRAF), dirige les tests sur le terrain et sur ordinateur,
tandis quun groupement dorganisations de recherche-développement contribue
également à la mise au point de FLORES. Le Département du Développement international
du Royaume-Uni fournit lessentiel du financement pour ce travail.
Initialement, léquipe de conception
avait cherché à élaborer la meilleure représentation dun instrument
de prise de décisions sinscrivant dans un cadre bien plus complexe de
relations entre les hommes et le paysage qui les entoure. La mise à lépreuve a
montré, toutefois, que les gestionnaires des ressources préféraient une approche plus
pragmatique et moins détaillée qui leur permette de saxer plus directement sur des
aspects critiques dun problème de ressources particulier. Partant de cette
constatation et dautres, Robert Muetzelfeldt et ses collaborateurs ont adapté le
logiciel de modélisation Simile sur lequel est fondé FLORES, et ont amélioré
linterface-utilisateur.
Des modèles de type FLORES sont également
en cours délaboration en dautres endroits, notamment au Cameroun, en
Amérique Centrale et dans la Forêt de recherche de Bulungan en Indonésie.
Léquipe du Zimbabwe travaille avec les villageois et les gestionnaires des
ressources dans la région de Mafunagautsi, pour sassurer que le contenu du modèle
reflète bien les idées de la population locale.
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