Réduction des dommages dexploitation
forestière
LIndonésie, comme de
nombreux autres pays, utilise ses forêts pour fournir du bois destiné à
lindustrie locale ou à lexportation. La recherche montre que lon peut
extraire du bois dune manière qui réduise considérablement les dommages aux
autres ressources forestières ainsi quau peuplement restant.
Lexpérimentation des méthodes dexploitation à faible impact constitue
lun des grands projets de recherche à Bulungan.
Lobjectif est de
fournir une idée des techniques dexploitation dans les forêts naturelles qui
réduisent les impacts écologiques, notamment les dommages aux sols, aux arbres et aux
animaux, pour aider à maintenir les fonctions écologiques, explique Kartawinata,
Directeur de la Forêt de recherche de Bulungan.
Les techniques et les résultats
de lexploitation à faible impact varient en fonction des conditions locales. Les expérimentations de
Bulungan sont conduites en vue de déterminer les méthodes appropriées aux forêts
naturelles dIndonésie. Plus précisément, elles permettent détudier les
effets sur la végétation locale et sur les autres caractéristiques de la forêt de
techniques dexploitation à faible impact par comparaison avec les impacts des
méthodes classiques dexploitation.
Le CIFOR a récemment amplifié
les études dexploitation à faible impact, en ajoutant en 2000 quatre nouvelles
parcelles expérimentales permanentes, ce qui porte le total à 28. Plinio Sist, écologue
forestier du CIRAD-Forêt (France), supervise les expérimentations, qui sont conduites en
coopération avec une entreprise étatique dexploitation forestière, la PT INHUTANI
II, sur un site proche du chef-lieu du district de Malinau.
De nombreuses données
écologiques sur les essences forestières, la diversité et la composition
spécifiques, les caractéristiques du sol ont été collectées pour servir de
base aux études ayant pour but de déterminer de quelle façon la dynamique forestière
peut être influencée par une exploitation pratiquée à différentes intensités et avec
divers traitements. Les résultats préliminaires démontrent que lexploitation à
faible impact réduit le dommage au peuplement restant en comparaison des techniques
classiques dexploitation; elle endommage 38 pour cent de moins darbres
résiduels. Le principal avantage de lexploitation à faible impact est la
réduction sensible du dommage dû au débardage. En sappuyant sur ces conclusions,
on a rédigé des directives pour les opérations de terrain avec des techniques à impact
réduit à Bulungan.
Deux autres volets de
létude dexploitation à faible impact ont été lancés en 2000, lun
ayant pour objet de suivre la croissance et la survie des arbres dans des parcelles de
forêt exploitées depuis deux ans, et lautre de déterminer les impacts de
lexploitation sur les jeunes arbres qui constitueront le peuplement principal futur.
Lanalyse comparative des
coûts et bénéfices de lexploitation à faible impact en comparaison des méthodes
classiques sest poursuivie sur le site de Malinau, effectuée par Hariyatno
Dwiprabowo, Stéphane Grulois, Sist et Kartawinata. Précédemment, ces chercheurs ont
rapporté des résultats encourageants des études menées jusquà ce jour, montrant
que la méthode dexploitation à faible impact a accru la productivité de
labattage et du débardage de 25 pour cent ou plus par rapport à
lexploitation classique.
Lun des principaux
progrès apportés par ce projet est que les résultats des premiers essais
dexploitation à faible impact ont amené les forestiers dINHUTANI II qui ont
participé aux études à changer leur attitude sur lefficacité de la méthode. De
leur propre chef, ils ont décidé dadopter des méthodes à faible impact pour
exploiter trois nouvelles parcelles. Cette approche nest plus considérée
comme un outil expérimental pour chercheurs forestiers, déclare Kartawinata,
mais comme une méthode permettant daccroître le rendement de
lexploitation forestière.
Formation à lexploitation à faible
impact : le passage à la pratique
La formation est essentielle
pour une bonne mise en pratique de lexploitation forestière à faible impact. Le
CIFOR a co-parrainé un certain nombre de programmes de formation dans ce domaine au cours
des derniers mois. Dans deux stages financés par la Fondation forestière tropicale,
lOIBT et le CIFOR, 27 membres du personnel de sociétés dexploitation
forestière, de centres de recherche et dinstitutions denseignement se sont
initiés à lemploi de la cartographie en relief assistée par ordinateur pour
planifier les opérations de terrain. Le programme informatique, baptisé ROADENG, peut
être combiné avec des données provenant de diverses sources pour élaborer des cartes
qui ressemblent aux présentations AutoCAD. Le deuxième stage portait sur le tracé des
routes et la manière de le réaliser pour réduire au minimum les dommages à
lenvironnement tout en réduisant les coûts en forêt pour les exploitants.
Une douzaine de membres du
personnel du Projet daménagement forestier de Berau (projet INHUTANI I Union
européenne au Kalimantan oriental) ont visité le site expérimental dans la concession
de Malinau pour en apprendre davantage sur lexploitation à faible impact et faire
des études comparatives de la technique. Le Centre de formation forestière du Ministère
des Forêts, le Projet de formation spécialisée Indonésie Australie et PT
INHUTANI II ont également organisé une formation de terrain à lexploitation à
faible impact pour 33 participants venus dentreprises étatiques dexploitation
forestière, de concessions forestières, de plusieurs organismes du Ministère
indonésien des Forêts, et duniversités du Kalimantan.
Cartographie et négociations avec les
communautés
La recherche dans les villages
de la forêt de Bulungan fournit une base pour le travail plus vaste du CIFOR visant à
dégager des méthodes efficaces pour la gestion forestière communautaire. Une fois bien
au point, ces techniques fourniront un cadre permettant à différents groupes de
négocier leurs divers intérêts dans une forêt donnée et imaginer ensemble des
stratégies de gestion pour leur bénéfice mutuel.
Ces études sappuient
fortement sur la recherche en action participative, approche sociologique
répondant aux problèmes réels des bénéficiaires ciblés et les faisant participer au
processus de recherche. La cartographie communautaire est un moyen de mettre
en lumière les problèmes locaux. A ce titre, elle est utilisée comme un point de
départ pour une grande partie des études menées à Bulungan et sur dautres sites
par le Programme du CIFOR sur la Cogestion adaptative des forêts.
A Bulungan, les chercheurs
utilisent la cartographie communautaire pour rechercher les moyens daider les
communautés à régler leurs conflits fonciers et autres. La cartographie suscite
un immense intérêt de tous ceux concernés, et savère être une excellente base
pour examiner les questions relatives aux conflits et aux négociations, déclare
Lini Wollenberg, spécialiste de foresterie communautaire qui coordonne à Bulungan des
études sur les relations entre ayants droit multiples. Mais la cartographie est plus
quun simple instrument pour résoudre les conflits, explique-t-elle. Elle fournit
aussi une base dinformation spatiale sur une communauté donnée utile pour
étayer des discussions plus larges entre différents acteurs.
Comme les cartes officielles,
les cartes élaborées avec les communautés illustrent lemplacement des
habitations, des ressources, de linfrastructure et de lutilisation des terres.
Mais elles font souvent ressortir les litiges de limites avec lEtat et avec des
intérêts extérieurs, tels que concessions forestières et planteurs industriels, au
sujet de droits daccès et de revendications foncières. Faute de sécurité de
jouissance des terres et de voix dans les prises de décisions, la population locale a peu
de recours pour faire face à la situation.
Les études de Bulungan montrent
quil y a des conflits à divers niveaux. Les villages ont des doléances à
légard de groupes extérieurs au sujet de la qualité des eaux, des dédommagements
pour les terres, des niveaux dassistance de lEtat, et de la perte de terrains
de chasse et de produits forestiers. Entre villages, les conflits tendent à être surtout
politiques, tandis que les conflits internes procèdent davantages déloyaux des
élites locales et du manque de transparence dans les décisions. Les différences de
traditions et de modèles dhabitat entre les groupes ethniques de la région créent
également des tensions, et doivent être prises en considération dans le choix de ceux
qui participeront à la planification locale.
Possibilités de travail sur le terrain
pour de jeunes chercheurs et autres partenaires
La Forêt de recherche de
Bulungan fournit de nombreuses possibilités de recherche sur le terrain par de jeunes
chercheurs et autres partenaires. Les résultats de ces travaux appuient le programme
général de recherche du CIFOR. Un certain nombre de membres de lUniversité
Mulawarman à Samarinda (Kalimantan oriental) conduisent des recherches à Bulungan, par
exemple une équipe menée par Dady Ruhiyat qui a effectué en 2000 des études
pédologiques sur le site du CIFOR dexpérimentation dexploitation forestière
à faible impact près de Malinau.
La Fondation MacArthur fournit
des subventions pour appuyer la recherche à Bulungan par des étudiants indonésiens. Le
CIFOR a un accord officiel avec le Programme forestier de troisième cycle à Mulawarman
pour offrir des possibilités de recherche à des étudiants travaillant sur les questions
daménagement forestier et de moyens dexistence fondés sur les ressources
forestières.
Plusieurs étudiants de
troisième cycle de lUniversité Mulawarman ont effectué des recherches à Bulungan
en vue de leur thèse de maîtrise. Atika Nostalgia, par exemple, a étudié les relations
entre forêt, butinage et colonies dabeilles, et usages traditionnels du miel.
Nursuyata Haslindah Hamzah a analysé les aspects socioéconomiques de la gestion
communautaire des forêts et ses perspectives de développement à Malinau. Harlinda
Kuspradini a effectué une analyse de la valeur calorifique des essences à bois de feu
utilisées par les communautés rurales au voisinage des chantiers de PT INHUTANI II près
de Malinau.
Un autre étudiant
bénéficiaire, Agni Klintuni Boedhihartono, a étudié la vie, la mortalité, la santé
et la pathologie parmi les populations autochtones de Bulungan, dans le cadre de ses
études de doctorat à lUniversité de Paris VII. Sappuyant sur son travail
précédent à Bulungan, Iwan Kurniawan a bénéficié dune assistance de la
Fondation MacArthur pour appuyer ses recherches en vue de sa thèse de maîtrise.
Près de la concession
forestière de Malinau également, Arman, stagiaire de Mulawarman, a travaillé sur le
terrain avec Jérôme Chabbert, étudiant de troisième cycle à lUniversité de
Paris XII, rassemblant et analysant des données sur les dommages dexploitation
forestière. Sigit Budiarta, stagiaire depuis deux ans au projet dexploitation à
faible impact, a récemment rédigé un rapport scientifique sur les peuplements
résiduels après la coupe dans la concession PT INHUTANI II pour remplir les exigences
dun diplôme forestier de lUniversité agronomique de Bogor.
Parmi les leçons générales
tirées jusquà présent du travail de cartographie effectué à Bulungan, qui sera
utilisé pour élaborer des modèles de cogestion des forêts communautaires dans diverses
conditions, on note celles-ci :
·
Les conflits locaux comportent des strates
multiples, exigeant des négociations multidimensionnelles.
·
Les conflits locaux se modifient en
réponse à divers facteurs, et exigent un processus de négociation souple et par
étapes.
·
Les alliances entre chefs de village et
autres notables sont un obstacle à des prises de décision et une gestion transparentes.
·
Le processus de négociation est rarement
réellement participatif, ce qui tend à rendre tous les accords par nature partiels et
temporaires.
Wollenberg déclare :
Parvenir à un accord avec une communauté nest pas nécessairement une bonne
chose, sil nest pas établi sur des fondements sociaux transparents et
légitimes.
Les chercheurs ont constaté
que, dans les cas où lon était parvenu à de bons accords, les conflits se
résolvaient plus rapidement là où les limites nétaient pas conçues comme des
clôtures, mais comme des ensembles de ressources délimités,
avec certains droits et certaines sanctions. Et en raison de la dépendance mutuelle entre
leurs territoires respectifs, les habitants avaient plus de chances de parvenir à des
résultats largement acceptables si les accords étaient écrits et incluaient des
dispositions concernant laccès à la forêt locale pour les besoins de subsistance.
Nouvelles espèces à Bulungan
Durant leurs travaux de terrain
dans la Forêt de Bulungan, les chercheurs du projet du CIFOR sur lévaluation
multidisciplinaire des terroirs ont observé plusieurs espèces végétales et animales
qui savèrent nouvelles pour la science. Ike Rachmawati, de lInstitut
indonésien des sciences, a découvert deux espèces de poissons jusquici non
décrites, tandis que Djoko Iskandar, de lInstitut de technologie de Bandung, a
noté plusieurs espèces inconnues de reptiles et damphibiens. Dans les prospections
botaniques parallèles, le groupe conduit par Doug Sheil a également découvert un nouvel
arbre fruitier (genre Mammea, famille des
Clusiacées). Il faudra quelque temps pour vérifier toutes ces découvertes.
Conservation de la biodiversité et
intérêts locaux
Les ressources biologiques et
autres ressources naturelles dune forêt et des zones environnantes sont
généralement dimportance vitale pour la population qui y vit. Mais cette
importance n'apparaît généralement pas bien dans les plans établis en vue de la
conservation de la biodiversité et autres utilisations de la forêt, parce que les
méthodes en usage de prospection biologique ne permettent pas dappréhender
suffisamment les valeurs locales et écologiques dune forêt dune manière qui
soit utile pour les preneurs de décisions.
Afin daméliorer cette
situation, Doug Sheil, biologiste du CIFOR, et une équipe multidisciplinaire de
chercheurs travaillent dans la Forêt de Bulungan pour élaborer une approche plus large,
baptisée Evaluation multidisciplinaire des terroirs. Sheil déclare : Effectuer les
prospections au niveau du terroir est important, parce quune planification efficace
de lutilisation des terres exige de considérer la forêt et ses ressources comme
une partie dun agro-écosystème plus vaste qui pourvoit à une diversité de
besoins de la communauté.
La dernière phase du travail de
terrain sest achevée en décembre 2000. Léquipe analyse maintenant les
données et les rassemble dans un manuel complet sur le travail accompli à ce jour, en
préparation de lanalyse scientifique. Plusieurs des méthodes employées sont
nouvelles, et un compte rendu sur la méthode de parcelles forestières a été accepté
pour publication dans Tropical Forest Science.
La zone détude englobe
sept communautés situées sur les bassins versants de deux affluents du fleuve Malinau. A
partir de 200 parcelles expérimentales, léquipe a rassemblé de nombreuses
données sur la végétation locale, les caractéristiques des sols, les espèces animales
et autres particularités biophysiques, en même temps quune information
socioculturelle telle que lhistorique du peuplement, les attitudes de la population
vis-à-vis de la forêt et de ses ressources, les utilisations traditionnelles de ces
ressources.
Les membres de léquipe
comprennent des ethnobotanistes, des anthropologues, des biologistes, des pédologues et
des économistes, de manière à assurer quun large éventail de valeurs de la
forêt soit représenté dans les prospections. Les villageois locaux ont coopéré
étroitement avec les chercheurs pour le rassemblement des données. Dans le cadre des
enquêtes, il était demandé aux habitants de classer les diverses caractéristiques de
la forêt et des terres alentour en fonction de la valeur que leur attribue la
communauté.
Plus de 2000 espèces
végétales furent enregistrées, dont 10 pour cent environ nont pas encore été
totalement identifiées. Linformation sur les usages de ces ressources végétales
est encore en cours de traitement, mais plus de la moitié des espèces enregistrées à
ce jour ont un emploi pratique ou un intérêt pour les habitants ; 20 pour cent sont
consommées comme aliments, par exemple, et 13 pour cent ont des emplois médicinaux.
Le sanglier à moustaches (Sus barbatus), dont lhistoire naturelle est
mal connue, est généralement cité comme lespèce animale la plus importante de la
région, en raison de son intérêt comme source de protéines.
Lobjectif est de faire de
la nouvelle approche de prospection une méthode qui sera finalement applicable à
différentes localités. Pour le moment, le projet révèle une information spécifique du
site qui pourrait aider à guider les politiques sur la gestion forestière locale et
lutilisation des terres.
Les études ont constaté, par
exemple, que le rotang, ressource localement importante, sest raréfié. Un facteur
majeur de son déclin réside dans les réglementations officielles de lexploitation
forestière, qui obligent lexploitant à rabattre tout le sous-bois et les lianes,
ce qui a pour objet de favoriser la régénération dans les concessions. Cette pratique a
manifestement nui aux communautés locales, cependant que ses avantages sylvicoles sont
discutables, selon les chercheurs qui suggèrent de reconsidérer cette politique.
Cette constatation, explique
Sheil, est le genre dinformation dont les dirigeants et les planificateurs ont
besoin pour prendre des décisions plus informées et plus objectives au sujet de la
conservation des forêts et de lutilisation des terres. Si nous pouvons
démontrer que la biodiversité est importante pour les populations locales, et
pourquoi, déclare-t-il, il sera plus difficile aux responsables
dignorer ce fait dans la définition de politiques et la planification de
lutilisation des terres.
Carrefours culturels : les nouveaux choix
effaceront-ils les modes de vie traditionnels ?
A partir dune grande somme
de recherches, on voit se dessiner un tableau général de changements sociaux et
économiques rapides dans les communautés Punan et Dayak riveraines du fleuve Malinau.
Cette information fournit une base solide pour des recherches de longue durée sur ce
site, et est utile pour la définition de politiques daménagement forestier.
La Forêt de Bulungan constitue
un milieu particulièrement riche pour étudier léconomie des populations
forestières et leur dépendance vis-à-vis des ressources forestières locales. Patrice
Levang, chercheur au CIFOR détaché de lInstitut de recherche pour le
développement (France), coordonne un certain nombre détudes dans cette zone.
Nombre dentre elles illustrent les tensions et la complexité des problèmes qui
font aujourdhui de laménagement forestier une tâche ardue.
A partir dune récente
enquête et dautres travaux effectués en 1993, Lara Kaskija conclut que
lhistorique du peuplement et la territorialité sont aujourdhui des questions
importantes. Les Punan et autres groupes autochtones, y compris certains qui ont immigré
dans la région il y a peu de temps, désirent recevoir une compensation financière des
intérêts extérieurs, tels quexploitants forestiers et compagnies minières, pour
des terres quils revendiquent comme étant leurs. Levang déclare : Les gens
semblent moins intéressés à la défense de leur environnement et de leur mode de vie
quà lobtention de dédommagements appropriés détrangers
puissants.
De même, Nicolas Césard a
constaté au cours de ses recherches que les habitants de la région, qui ont été
pendant longtemps fortement tributaires de la forêt pour leur subsistance, voient de plus
en plus les produits forestiers comme une source de revenus pour acheter des biens tels
que scies à chaîne, téléviseurs et bateaux à moteur.
A mesure que les entreprises
commerciales sétendent dans la région, elles apparaissent comme des sources
possibles demplois très nécessaires pour les communautés locales.
Les villageois dénoncent
lafflux de main-duvre extérieure comme une cause majeure de la pénurie
croissante de ressources localement importantes telles que bois de fer, oiseaux, poissons
et gibier. Josni Mannes étudie la raréfaction des poissons, autrefois abondants dans la
région. Les pêcheurs Tidung de Malinau et les employés des concessions forestières et
minières sont considérés comme les coupables. Ces deux groupes sont connus pour
utiliser le poison et des équipements de pêche électrique pour capturer du poisson
quils vendent sur les marchés locaux de la région de Malinau. La qualité de
leau sest progressivement dégradée, et dans de nombreux villages elle
nest plus potable. Un recours est malaisé, toutefois, car il est difficile de
prouver la faute, et la population locale na pas de base juridique pour agir.
De nombreuses communautés
locales, notamment dans les zones les plus reculées, sont très dépendantes des
commerçants, qui vendent les produits forestiers récoltés localement et apportent des
biens manufacturés. Iwan Kurniawan a étudié la chaîne de commercialisation de produits
forestiers en particulier du gaharu
depuis le haut bassin du fleuve Malinau jusquà plusieurs centres commerciaux
au Kalimantan. Il a constaté que les négociants poussent souvent leurs fournisseurs à
lendettement, ce qui met ceux-ci en position de dépendance vis-à-vis deux,
leur permettant ainsi dexercer leur contrôle sur les produits.
Quels nouveaux changements,
quelles nouvelles possibilités résulteront à Bulungan du nouveau programme indonésien
dautonomie régionale ? Krystof Obidzinsky, chercheur et étudiant en doctorat,
avance lidée quune tendance pourrait être un accroissement des abattages
illicites. Ceux-ci sont en augmentation au Kalimantan oriental depuis 1998, et ses études
indiquent quils sont le fait dun nombre croissant dhabitants. Il a
constaté que, loin dêtre spontanée, cette activité est très bien organisée, et
se poursuit au vu et au su de certaines autorités locales, qui reçoivent leur part de ce
trafic.
|